Le chemin long sinueux du voyageur solitaire se transformait à chaque pas. La route était longue. Il ne se sentait vivant qu'en avançant, en marchant. Cette fois là, son regard lointain se troubla au fond de ses eaux qu'il suivait comme faisant parti de son corps de guerrier. Sa surface épaisse stagnante reflétait son esprit troublé par la vie comme une lymphe statique. Sa peau se composait de toutes les feuilles et objets volatiles amenés au grès du vent. Le ciel gris plombait cette épaisse  couche de débris amassés. 

Soudain , ce tissu se déchira et cette opaque couche visible laissa entrevoir la pureté d'une eau où se devina un courant de vie plus profond. L'espace d'un instant, son corps fluide vibra à l'unisson de cette  fraîcheur retrouvée. Le temps s'étant arrêté comme une éternelle présence. Un espace gravé comme une empreinte, un tatouage entre le feu, sa peau et l'eau. 

 Quand le voyageur revint à lui, ce paysage était présent en lui et y resta à jamais. Il eût la sensation que le paysage faisait parti de lui. Avait il rêvé ? Pourtant, il était si sûr de l'avoir vécu...Comment était ce possible ? Chacun de ces voyages invoquait ce cycle  entre la vie, la mort, la vie. Et tous ces voyages étaient inscrits en lui... À jamais. Infinies souvenirs. Invisibles voyages. 

c.i.arts